Cette superbe BD de Baptiste Deyrail nous plonge dans la Manu, cette usine mythique de St Etienne. L'auteur nous emmène dans un atelier de l'usine, avec un groupe d'ouvriers et on les suit dans leurs coups durs, leurs engueulades, leurs bastons de bourrés mais aussi et surtout dans leur dignité. Le Pas De La Manu remet à l'honneur la perruque, cette pratique consistant à fabriquer des objets pour soi sur le temps de travail avec le matériel de l'usine. Jean, le personnage principal, a un rêve: faire un bateau en perruque! On le suit dans son aventure, avec son groupe de copains de l'atelier, à filouter pour réaliser son rêve.
Baptiste Deyrail a utilisé la technique du monotype sur zinc. C'est une technique d'estampe, où on dessine avec une encre très grasse sur une plaque de zinc et ensuite on fait un transfert sur papier.
"C’est une technique qui consiste à utiliser une encre très grasse et à dessiner sur une plaque de zinc. Une fois le dessin fait, il est passé sous presse et par transfert, on obtient un tirage et on découvre une estampe. Je trouvais cette technique parfaite pour parler des usines et réaliser cet ouvrage.À l’inverse du dessin sur feuille blanche, moi j’encre toute la plaque et je pars du noir. Les dessins sont par nature très sombres et je joue sur les valeurs de gris, comme si je faisais rentrer de la lumière dans mes dessins. Comme si on était dans une usine noire et qu’on ouvrait une fenêtre."
Une BD magnifique sortie aux éditions l'An 2 - Actes Sud.
Comment parler de racisme dans un pays qui refuse d'utiliser le mot race? Voilà la question à laquelle s'attelle le livre Race de Sarah Mazouz. Sociologue, chercheuse au CNRS, elle publie aux éditions Anamosa, ce petit livre instuctif dans la collection Le mot est faible. Les différentes publications de cette collection se donnent comme mission de décortiquer des mots trop souvent mal utilisés ou vidés de leur sens. Après avoir analysé Révolution, Démocratie ou encore Science, c'est au tour du mot Race d'être passé au crible par Sarah Mazouz.
En France, ce mot est mal vu, mal perçu, la race appartiendait au seul vocabulaire raciste. Et pourtant ce n'est pas le cas partout. Par exemple, aux Etats Unis ou en Angleterre, les militants antiracistes et les chercheurs sur les discriminations l'utlisent sans problème.
Avec ce petit livre percutant, Sarah Mazouz nous explique comment le terme race peut-être utilisé dans une perspective anti raciste.
« Ils ont dit que j’avais tué ma mère. Puis ils ont dit que j’avais tué mon père. Enfin, ils ont dit que chez nous, les Hemingway, de génération en génération, tout le monde se tuait. »
Ce roman est une histoire vraie, celle de Gloria, née Gregory Hemingway (1931-2001).
Dans un petit village des fjords de l’ouest, les étés sont courts. Les habitants se croisent au bureau de poste, à la coopérative agricole, lors des bals. Chacun essaie de bien vivre, certains essaient même de bien mourir. Même s’il n’y a ni église ni cimetière dans la commune, la vie avance, le temps réclame son dû. Pourtant, ce quotidien si ordonné se dérègle parfois : le retour d’un ancien amant qu’on croyait parti pour toujours, l’attraction des astres ou des oiseaux, une petite robe en velours sombre, ou un chignon de cheveux roux. Pour certains, c’est une rencontre fortuite sur la lande, pour d’autres le sentiment que les ombres ont vaincu - il suffit de peu pour faire basculer un destin. Et parfois même, ce sont les fantômes qui s’en mêlent… En huit chapitres, Jón Kalman Stefánsson se fait le chroniqueur de cette communauté dont les héros se nomment Davíð, Sólrún, Jónas, Ágústa, Elísabet ou Kristín, et plonge dans le secret de leurs âmes. Une ronde de désirs et de rêves, une comédie humaine à l’islandaise, et si universelle en même temps. Lumière d’été, puis vient la nuit charme, émeut, bouleverse.
Le 4 octobre 2020 a eu lieu un référendum sur l'indépendance en Nouvelle Calédonie. Et comme en 2018, le NON à l'indépendance l'a emporté. Un troisième référendum est prévu d'ici 2 ans.
Kanaky de Joseph Andras nous emmène justement en Nouvelle Calédonie, sur les traces d'Alphonse Dianou l'un des leaders kanaks de la prise prise d'otage de 1988.
Ce livre est un carnet de route, un carnet de bord d'une quete, d'une recherche, pour comprendre qui est cet Alphonse Dianou, à la fois français et kanak, pacifiste et preneur d'otage, chrétien et communiste, Dianou brouille les pistes, et nos représentations.
Et ce livre cherche une fracture, comment Alphonse Dianou, militant pacifiste et séminariste, est devenu le leader d'une prise d'otage, qu'est ce qui a fait bascule dans sa vie? Quelles oppressions a t-il vécu pour en venir aux armes? D'ailleurs a t-il réellement pris les armes? Un beau livre, comme une quêtequi nous plonge dans la Nouvelle Calédonie contemporaine.
Raviver les braises du vivant de Baptiste Morizot est sorti au mois de septembre. Ce livre est une plongée dans la reserve de vie sauvage des Gorges de le Lyonne et la belle écriture de Morizot nous y fait voyager.
Baptiste Morizot est philosophe, mais sa lecture n'est pas difficile d'accès, comme dans son livre précédent (Manières d'être vivant) qui commençait au col de la Bataille, Raviver les braises du vivant débute par ici dans les Gorges de la Lyonne.
Et à travers l'exemple de cette reserve de vie sauvage, l'auteur vient poser la question des moyens que nous avons, nous simples citoyens, pour agir dans ce monde. Quels leviers avons-nous à notre disposition face aux crises écologistes? Comment lutter face au sentiment d'impuissance?
Ce nouveau livre de Baptiste Morizot est un bel essai, et peut-être aussi son meilleur livre.
Comment saboter un pipeline? Voilà un titre qui en jette. C'est le nom du livre d'Andreas Malm paru en juin dernier aux editions la Fabrique. Andreas Malm est un géographe suédois et un activiste écologiste.
Alors il faut d'abord dire que cet ouvrage devrait peut-être plutot s'appeler Pourquoi saboter un pipeline que Comment saboter un pipeline. Ce livre n'est un manuel de sabotage, mais bien plutôt un appel à radicaliser les luttes écologistes. L'auteur part d'un constat simple, la crise écologique est déjà là, absolument dévastatrice et pourtant les mouvements écologistes sont parfaitement inoffensifs. Les jeunes ont bien manifesté les vendredis, les membres d'extinction rebellion ont bien bloqué quelques avenues et centres commerciaux mais Andreas Malm défend une position osée: le sabotage.
Pour lui il est temps de passer à la vitesse supérieure, et nous on est conquis par cet essai entrainant et énergique.
« J'ai attendu la tombée de la nuit et je suis allé poser mes feuilles sur les ruches, les unes à côté des autres, et sur chaque feuille j'ai posé une pierre pour ne pas qu'elles s'envolent. « Je veux apprendre à vous aimer, j'ai écrit. » ». C'est un roman dans lequel on plonge pour ne plus le lâcher. Et pourtant il ne raconte que la vie aujourd'hui et l'amour de deux personnages Tom, habité par la musique, et Marie, apicultrice, la très libre « fille du chasse-neige », entourés des leurs. Mais ces vies, par la magie conjuguée d'un style virtuose, d'une empathie humaine débordante et d'un réalisme qui joue de tous les sens, compose une fresque d'aujourd'hui qui nous attrape par tous ses personnages et la justesse des sentiments. Portraits inoubliables de femmes (Marie ; les mère et soeur de Tom) et d'hommes (Tom ; son père ; frère ; l'extraordinaire producteur Franck), fresque sociale et chronique familiale d'une grande sensibilité, La fille du chasse-neige est avant tout un roman d'amour comme il y en a peu.
Présentation à la Chapelle en Vercors, le 3 septembre 2020,
Avec Marion Mazauric, directrice de la Maison d'édition Au Diable Vauvert et l'auteur Fabrice Capizzano.
Flora Souchier est poétesse, elle a remporté le prix de la Vocation et a publié l'automne dernier Sortie de route aux éditions du Cheyne. Une rencontre poético-politique...
En ces temps de crise écologique, où la technologie deferle sur nos vies, les éditions la Découverte viennent de publier deux livres sur deux philosophes, pères de l'écologie politique: André Gorz et Jacques Ellul.
Philosophe reservé, peu connu, André Gorz a pourtant était d'abord un des grands continuateurs de Sartre, avant de s'éloigner du marxisme pour proposer une réflexion fondamentale sur le travail, le capitalisme, l’écologie ou encore la technologie. Pour rentrer dans son oeuvre touffu, les éditions la Découverte ont donc fait paraitre Penser l'avenir, un entretien avec Francois Noudelmann, où sont abordés les grands thèmes d'André Gorz.
Patrick Chastenet vient de publier Introduction à Jacques Ellul aux éditons La Découverte. Que l’on s’interroge sur l’intelligence artificielle, l’émergence des réseaux sociaux, les OGM, ou le bilan de la société numérique… Ellul a pensé, avec quelques décénnies d'avance, notre societé de la technique. Ce court livre didactique est une très bonne introduction à la pensée de Jacques Ellul.
Salon de l'Ivre Jeunesse - Chatillon St Jean / Triors - 12ème édition
A Châtillon St Jean, depuis 12 ans, il existe un salon littéraire qui fait le pari de l'ivresse. Un Salon jeunesse organisé par l'association de parents d'élèves de l'école de ce petit village du Nord de la Drôme. Pendant une semaine, rencontres, dédicaces, ateliers, spectacles et conférences s'enchaînent à un rythme trépident. Radio Royans a couvert la dernière journée de ce salon, le 1er avril 2017, et vous emmène entre les allées, à la rencontre de celles et ceux qui font ce beau salon littéraire.
Les grandes conversations : au fond du bocal, en public, Lisa Bienvenu embarque ses invités sur des sujets transversaux, entre oralité, écriture, humour et censure ...
Tradition orale et écriture : Anne Loyer et Ghislaine Roman
Interview de Sylvette Mathieu, romancière et historienne
Tome 3 d'une saga historique qui nous emmène de la Normandie au Dauphiné (au Villard, à Grenoble et au Pont-en-Royans) en passant par Paris.
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Le XVIe siècle finissant, quatre amies, Catherine, Agnès, Héloïse et Marguerite échappent à la fureur des éléments déchaînés qui engloutissent la ville basse d’Ault. Après un séjour à Paris pendant lequel Agnès a failli être brûlée vive par les fanatiques religieux, elles sont obligées de retourner en catastrophe à Ault où Marguerite apprend qu’elle a hérité de propriétés dans le Dauphiné. Dans le codicille du testament, le notaire évoque une mystérieuse menace de mort qui pèse sur sa descendance, et Marguerite est enceinte ! Les quatre amies partent à Grenoble et découvrent la vie dans les montagnes du Vercors. Le notaire est assassiné avant d’avoir pu révéler l’origine du danger et Marguerite, aidée de Louis dont la famille est de grande noblesse dauphinoise, se lancent dans une incroyable enquête afin de lever le voile sur l’identité de ce redoutable ancêtre qui menace la vie de l’enfant qu’elle porte.