Quand les groseilles seront mûres

Auteur : Joanna Concejo – L’atelier du poisson soluble- 2017

Un ovni ce livre… et surtout tellement de tendresse, de douceur et de chaleur dans le dessin sur la couverture !

C’est l’histoire d’Henri qui a 70 ans qui a désormais “plus de temps” Je cite, parce que c’est si joli : “Oui, Henri avait beaucoup de temps. Un temps infini. Jusque-là, il n’en avait utilisé que soixante-dix années. Et c’était, se disait-il, infiniment peu.”

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 elle commence, et on s’arrête un instant au bout de quelques pages, sur la page titre, comme dans les séries télé. Carnet de recherches de dessins et album de photos souvenirs, herbier… on s’arrête longuement sur le voile de la fenêtre soulevé par le vent, comme sur le visage d’Henri, souriant qui fait la sieste. On imagine sa vie, il a été marié ? Il a des enfants ?

Où est tout ce monde ? Ou alors on le suit tranquillement dans son quotidien, paisiblement et on respire avec lui les odeurs de la campagne, on blottit sa tête dans la fourrure de son chat… on y passerait des heures dans ce livre. Je connais un secret d’édition sur ce livre, si joli que je ne le vous dirai pas (oui, vous savez que je suis une affreuse sur les secrets…). En revanche, ce que je sais, c’est que très peu d’éditeurs français publient ces livres-là. Des livres qui ne pourraient pas être autrement, qui sont un vrai travail d’artiste.

L’atelier du poisson soluble est de ceux-là. Je sais aussi que c’est un problème dans l’édition française aujourd’hui : il y a des formats, des séries, des calibres : comme pour les fruits et légumes, si une carotte n’est pas allongée et bien orange, elle ne se vend pas alors on la force avec des produits plus ou moins extraterrestres, à rentrer dans le moule.

On peut comprendre, il y a une drôle de logique de vente, de considération des choses et des gens dans ce monde-là. Mais ce serait bien que ça change… Je sais qu’au Québec, par exemple, les éditions la Pastèque éditent des livres parce qu’ils doivent être comme ça, sans réfléchir à la tranche d’âge, est-ce que ça va se vendre, à quel type de gens ça va plaire…il faut que ça ressemble à ça sinon, les gens ne vont rien comprendre. Bref. Joanna Concejo est cosmopolite et ne s’interdit rien dans ses livres : elle y met de sa vie passée et présente, elle dessine ce qu’elle voit et voit comment son travail évolue pour que l’histoire arrive.

Dans ces images, il y a des crayons extrêmement fins, peu de couleurs, ou si pâles, il y a du scotch et du papier calque… Ses livres sont d’une incroyable sensibilité et d’une infinie délicatesse.

C’est vraiment très beau !

 

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Lisa Bienvenu

 

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Podcast de l’émission :

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